« Celui Qui A Planté Un Arbre Avant De Mourir N’a Pas Vécu Inutilement »

Dosso Amara

Directeur Centre de Gestion Abengourou
SODEFOR

Dosso Amara s’occupe des forêts de la région de l’Indénié-Djuablin en Côte d’Ivoire, et il est fier de son travail : « Celui qui a planté un arbre avant de mourir n’a pas vécu inutilement (…)  J’ai la certitude que c’est dans ce que nous faisons là que se trouve l’avenir de la Côte d’Ivoire. »

L’Indénié-Djuablin était historiquement une région forestière, mais « aujourd’hui, la forêt a disparu pratiquement ». Selon Global Forest Watch, la Côte d’Ivoire a perdu 26% de sa forêt primaire humide depuis 2002. Le gouvernement et les entreprises de cacao et de chocolat ont lancé l’Initiative Cacao et Forêts pour lutter contre la déforestation liée au cacao.

Heureusement, les territoires protégées d’Indénié-Djuablin telles que Beki ou Bossematié disposent encore d’espaces forestiers assez importants. Mais ils sont aussi menacés. Dosso Amara pense que tout le monde devrait s’impliquer dans la protection de ces forêts : « Aujourd’hui, la situation est telle que cette importance saute aux yeux, » dit-il. « On ne maîtrise plus la saison donc on n’arrive plus à caler la culture de façon convenable. Cette pluie-là n’est plus maîtrisée. Donc, ça saute aux yeux. Il faut protéger la forêt à conserver pour rétablir l’équilibre face au changement climatique. »

Pour concilier culture du cacao et forêts, Dosso Amara a une stratégie : « La première des choses, c’est de faire comprendre aux agriculteurs que l’enjeu ne doit pas être la conquête de l’espace, mais plutôt de la productivité. Sur une petite surface, on peut faire une très forte production. Deuxièmement, il faut faire comprendre aux agriculteurs que l’agroforesterie est la solution leur faire comprendre que le cacao peut produire sous des arbres forestiers. »

Le cadre de la Sodefor n’est pas sûr de ce que l’avenir réserve et identifie d’autres menaces pour les forêts ivoiriennes : « Malheureusement, le problème des migrations est un problème très, très fondamental qu’il faut chercher à résoudre : parce que les nouveaux qui viennent ne sont pas sensibilisés. Et même s’ils sont sensibilisés, ça leur importe peu. Ils pensent que comme les autres ont déjà des parcelles agricoles [ils doivent en avoir aussi]. »

« Ceux qui sont déjà en forêt sont aujourd’hui d’accord dans l’ensemble pour faire de l’agroforesterie et de ne plus faire de nouveaux défrichements. Si tout le monde entre dans ce cadre-là, il y a de quoi être optimiste, » conclut-il.